Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XII.djvu/132

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

96 Vie de Descartes.

de la philosophie ". C'eût été un coup de maître pour le fonda- teur de l'Oratoire, que d'unir à sa réforme religieuse du clergé de France, une réforme scientifique et philosophique. Tourner tout de suite au profit de la religion une tentative qu'il estimait devoir être heureuse, quel rêve ! Et ceci se réalisa, en effet, non pas, il est vrai, dans la première période du cartésianisme, mais dans la seconde, celle de Malebranche, également prêtre de l'Oratoire. Il y eut alors comme une main-mise de la théo- logie sur la philosophie nouvelle ; celle-ci fut confisquée par le christianisme, c'est trop peu dire, par le catholicisme même : un mystère comme l'Incarnation, et par suite l'Eucharistie, devint presque une pièce maîtresse et comme la clé de voûte

a. Voir t. I, p. 217-218. — Baillet continue : Descartes n'avait pas la pensée " de faire palfer le fieur de Chandoux pour vn charlatan devant » raiVemblée. Il ne trouvoit pas mauvais qu'il fit profefTion d'abandonner » la Philofophie qui s'enfeigne communément dans les Écoles, parce qu'il » étoit perfuadé des rail'ons qu'il avoit de ne la pas fuivre; mais il auroit » fouhaiié qu'il eut été en état de pouvoir luy en ("ubflituer une autre, qui » fût meilleure & d'un plus grand ufage. [En marge : Mem. MM. de » Claude Clerfelier.j II convenoit que ce que le lîeur de Chandoux avoit » avancé, étoit beaucoup plus vray-femblable que ce qui fe débite fui- » vant la méthode de la fcholalHque; mais qu'à fon avis, ce qu'il avoit » propofé, ne vaioit pas mieux dans le fonds. Il prétendoit que c'étoit » revenir au même but par un autre chemin, & que fa nouvelle Philofo- « phie étoit prefque la même chofe que celle de l'École, déguilée en » d'autres termes. Elle avoit félon luy les mêmes inconvéniens, & elle » péchoit comme elle dans les principes, en ce qu'ils étoient obfcurs, & » qu'ils ne pouvoient fervir à éclaircir aucune difficulté. Il ne fe contenta » point de faire ces obfervations générales; mais pour la fatisfacHon de la » compagnie, il defcendit dans le détail de quelques-uns de fes Jéfauts » qu'il rendit ires-fenfibles, ayant toujours l'honnêteté de n'en pas attri~ » buer la faute au fieur de Chandoux, à l'indultrie duquel il avoit lou- » jours foin de rendre témoignage. Il ajouta enfuite qu'il ne croyoit pas » qu'il fût impoilible d'établir dans la Philofophie des principes plus » clairs & plus certains, par lefquels il feroit plus aifé de rendre raifon » de tous les effets de la Nature. »

« Il n'y eut perfonne dans la compagnie qui ne parût touché de (es » raifonnemens; & quelques-uns de ceux qui s'étnient déclarez contre la » méthode des Écoles pour fuivre le (leur de Chandoux, ne firent point » difficulié de changer d'opinion, & de fufpendre leur el'prit pour le déter-

�� �