obtenu, en 1575, une Université, qui grandit rapidement, au point de dépasser, vers le milieu du xviie siècle, même les Universités d’Allemagne. Utrecht voulut avoir aussi son « Ecole Illustre » d’abord, en 1634, puis aussitôt après, en 1636, son Université ; Descartes vit naître celle-ci, et espéra même un moment qu’elle deviendrait le foyer de propagande de ses nouvelles doctrines. En 1646, Bréda eut son Académie, fondée par le Prince d’Orange. Et depuis 1632, une Académie encore existait à Amsterdam, la ville des marchands par excellence. Mais les marchands de ce pays-là avaient toutes les curiosités de l’esprit : leurs bibliothèques étaient pourvues de livres, et leurs appartements ornés d’estampes et de tableaux. C’est pour eux que peignaient et gravaient tant d’artistes, Rembrandt en tête ; et pour eux aussi que tant de belles éditions étaient imprimées, à Leyde et à Amsterdam, par la dynastie des Elzeviers. Descartes s’adressera à ces maîtres-imprimeurs pour quelques-uns de ses ouvrages, comme il demandera aussi son portrait au grand peintre de Harlem, Frans Hals. Et déjà bien des livres de France et même d’Italie (telle œuvre de Galilée, notamment[1]), qui n’auraient point paru sans difficulté dans leur pays d’origine, profitaient de la grande liberté qui régnait aux Pays-Bas protestants.
Il ne semble pas cependant que cette liberté fût la principale raison du choix de notre philosophe, bien différent en cela d’un de ses contemporains et compatriotes, Claude Saumaise. Celui-ci le déclare franchement, les savants de Leyde ne lui firent pas bon accueil, le regardant comme un intrus, qui venait prendre une de leurs places ; et le climat non plus ne lui était guère favorable, « quatre mois d’hiver », dit-il, « et huit mois
- ↑ Diſcorſi e dimoſtrazioni matematiche, intorno à due nuoue ſcienze attenenti alla mecanica & i movimenti locali, del fignor Galileo, &c. (In Leida, appreſſo gli Elſevirii, i638, in-4.) Les Elzeviers avaient déjà publié la traduction latine de deux ouvrages de Galilée : Syſtema coſmicum, en 1635, ou Dialogus de ſyſtemate mundi (traduction Matthias Berneggerus) ; et en i636, la fameuse lettre à la grande-duchesse de Toscane, Christine de Lorraine, imprimée en 1616.