102 Vie de Descartes.
» de froid » . Mais, ajoute-t-il aussitôt, « c'est tout ce qui me » déplaît en ce pays; tout le reste m'agrée, et surtout la liberté. » Notre France n'est plus France pour ce sujet, et c'est ce qui » me la fera moins regretter". » N'oublions pas que Saumaise était huguenot, ou plutôt il le devint, de catholique romain qu'il était d'abord ; et s'il a quitté la France, c'est que la liberté y devenait moindre tous les jours pour ceux de sa religion. Il se félicitait de plus en plus d'avoir changé, appréciant fort d'être libéré « du pape et de la messe, des chapelets et grains bénits,
a. Lettres de Saumaise à M. du Puy, prieur de S. Sauveur à Paris. {Bibl. Nat., MS. fr., coll. Dupuy, 71 3) :
« A Leyden, ce 20 Nouembre i632 : ...n'ayant eu tout iufte que ce » qu'il me falloit de temps pour arriuer en ces quartiers auant l'hyuer qui » commence toufiours ici de bonne heure & finit bien tard. Et c'efl; tout » ce qui me defplait de ce pais, où toutes chofes au refle m'agréent fort » & fur tout la liberté. Noftre France n'eft plus France pour ce fubied, & » c'efl: la caufe qui me la fera moins regretter. . . » (Fol. i3.)
« A Leyden, ce 23 lanuier i633 : . . .L'air d'ici commence à ne m'eftre » gueres fauorable, & moins encore à ma famille. le tafcherai neant- » moins à m'y accommoder & accouftumer. l'aime mieux uiure ici, que » uiure en France; mais i'aimerois mieux uiure en France, que de mourir » ici. . . » (Fol. ig.)
« 1 1 mars 1634, Leyde : Pour moi, ie ne penfe qu'à recouurer ma » fanté ; ie ne fçai fi l'en viendrai à bout à ce renouueau. Elle empire » pluftoft que d'amander. Il faudra tout voir & fe refoudre à tout, plu- » ftoft que de reprendre le chemin de France, puifque la liberté y » deuient moindre touts les iours pour ceux de ma profeflîon. Encore » vault il mieux endurer la fumée que de fe ietter au feu. . . » [Fol. 35 verso.)
« A Leyde, ce i luin 1637 : . . .Nous auons au refte fenti en ce climat » de feptentrion des chaleurs depuis vn mois en ça, qui ne font pas tole- » râbles & qui ne cèdent pas aux plus grandes que l'on fent quelquefois B en France. l'aucis couftume de dire à nos Hollandois qu'ils auoient en » toute l'année quatre mois d'hyuer & huit mois de froid ; mais i'ai bien » (efté) contraint cette année de changer de langage. Nos aftrologues » iugent par la que l'eft'ctl de la comète a ceffé & que nous aurons doref- )> enauant les faifons plus réglées, c'eft à dire les eftés chauds & les » hyuers froids. Oultre cela il y a quafi trois mois qu'il ne pleut point en » cette contrée. Ce qui caufe la peiïe en beaucoup de villes & de nos plus >> voifines. Elle n'eft point encore en cette ci ni à la Haye. . . » (Fol. 12g verso.)
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