l’appelait Balzac[1], était un lettré, en vers et en prose, qui même rivalisait de préciosité avec les beaux-esprits de France ; et c’était aussi un amateur de curiosités scientifiques, qui s’intéressait particulièrement à l’optique et à l’hydraulique. Esprit distingué, il devina aussitôt en Descartes un génie supérieur, par les seuls entretiens qu’il eut avec lui, notre philosophe n’ayant encore rien publié. Ils devinrent grands amis : lorsque Huygens perdit sa femme en mai 1637, Descartes lui écrivit une lettre de consolation qui révèle, en effet, une réelle intimité[2]. Il connut aussi une sœur de Huygens, Constantia,
- ↑ Lettre à « Monſieur de Couvrelles », 2 juillet 1641. (Œuvres de M. de Balzac, MDCLXV, t. I, p. 501.)
- ↑ Constantin Huygens avait épousé, le 6 avril 1627, Suzanne van Baerle, née ou plutôt baptisée le 8 mars 1599. Elle lui donna cinq
19 oct. 1630. — Ce fut chez Golius, à Leyde, que Descartes, qui habitait alors Amsterdam, rencontra Huygens pour la première fois, au commencement de 1632. Huygens dit aussitôt, dans une lettre à Golius, du 7 avril 1632, l’impression qu’il gardait de notre philosophe. (Tome I, p. 317.) Et celui-ci en fut informé, comme on le voit dans une lettre qu’il écrivit à Wilhem, le 23 mai 1632. (Ibid., p. 253.) Aussi, dans une lettre de Wilhem à Huygens, 4 juin i632, on lit : « Nunquam hactenus imperare mihi potui, ut, nullà acceptà occaſione, tibi gravioribus diſtricto negotiis meis è liminibus obſtreperem. Nunc eam nactus percommodam, malui judicium meum periclitari ſcribendo, & audaciæ notam ſubire, quàm inofficioſus in te judicari. Hæ etiam quas tibi mitto Dni de Cartes litteræ ad id faciendum reluctantem me impulerunt… Hagæ, è contubernio meo, IV Junii M. DC. XXXII. » (P. C. Hoofts Brieven. éd. Van Vloten, Deel III, Leiden, 1857, p. 478-479.) D’autre part, Huygens écrivait à Golius, le 21 oct. 1632 : « Quouſque D. Deſcartes opuſculum proceſſerit, valde ſcire aveo, & ut perpetuam inſigni viro à me ſalutem nuncies, obnixe peto. » (Amsterdam, Bibl. de l’Académie, Lettres MS. latines de C. Huygens, n° 166.) — L’année suivante, dans une lettre à Wilhem, 12 déc. 1633, Descartes fera un grand éloge de toute la famille. (Tome I, p. 274.) Enfin plus tard l’intimité en vint au point que notre philosophe lut sa Dioptrique en manuscrit à Huygens, avant de la publier. (Ibid., p. 315, l. 7-9, et p. 329, l. 17-27 : lettres du 16 avril et du 1er nov. 1635). La même année, le post-scriptum d’une lettre de Reneri à Huygens, 14 avril 1635, contient ceci : « Monſr Deſcartes n’a point eſté adverti par moy de ces lettres ; mais je vous diray bien en un mot, qu’il vous admire extrêmement & tant de belles & rares parties qu’il trouve en vous. » (Leyde, Bibl. de l’Université.)