170 Vie de Descartes.
peut regretter que Descartes n'ait pas entendu ce qui se disait alors à Paris.
Il s'y serait trouvé dans un milieu orthodoxe, certes, mais qui n'acceptait pas sans mot dire tout ce qui venait d'au delà des monts. En dépit de Rome, le mouvement de la Terre était admis de la plupart de ces esprits curieux de nouveautés, et qui s'intéressaient à l'avancement des sciences. Sans doute, en i63i, l'un d'eux, Jean-Baptiste Morin, professeur au Collège de France, projetait de publier un livret contre le mouvement controversé; mais aussitôt Gassend, Mersenne, d'autres encore, s'efforçaient de l'en dissuader-. Il le publia cependant, bien qu'on lui eût communiqué en outre un écrit, non encore imprimé, et non signé, oîi le flux et le reflux étaient expliqués par ce même mouvement. C'était l'écrit de Galilée, qui allait être publié et condamné, et qui déjà circulait ainsi en France. Morin en devina l'auteur, et vit qu'il avait deviné juste, lorsque
a. Gassend à Gaultier, Paris, 9 juillet i63i : « M. Morin prinft la » peine, il y a trois jours, de me venir dire qu'il s'en alloit aux champs » pour un mois. Ceit pour mettre au net un traité qu'il vient d'achever » & qu'il veut incontinent après faire imprimer contre le mouvement de >> la terre. M. Valois, le P. Mercenne, moy et quelques autres de fes » amis, qui cognoiffent quelque chofe en cette matière, lui avons affez « naïvement dit noftre fentiment; mais il eft teru de celle opinion, comme » de fon aftroiogie, 6: croit d'avoir aulTi clairement démontré l'immobilité » de la terre au centre du monde, que vous lavez qu'il eft perfuadé d'avoir » démontré la cabale des maifons aftrologiques & autres principes de » cette nature. Je le crois en cela, pour dire le vrai; mais cela n'a pas » empefché qu'il n'aye auftî peu tenu de compte de tout ce que je luy ay » pu objecler ou refpondre fur ce fujet, que fur le faict de l'aftrologie. Il » m'a à tout le moins promis d'écrire fans aigreur & médifance & de » n'appeler plus Kepler entre autres terrejlrem fibratumque philojo- )> plium. » {Les Correspondants de Peiresc, p. p. Tamizey de Larroque, Aix, Marius Illy, 1881 : Gaultier prieur de La Valette, p. 62-6?.)
Gaultier à Peiresc, Aix, 20 sept. i632 : « Je vous remercie fort de ou -. pour : la communication de votre livre de Gallileus que je n'avois )> encore vu. Je n'ai encore pu prendre mon temps pour le lire, ce que » néanmoins je defire fort, & remarquez comme il met fur le marché une „ opinion tant mal agréable à la Cour de Rome. » (Ibid., p. .S9-60.) Voir aussi notre tome I, p. 263-264 : lettre de Gassend à Galilée, !=■• nov. i632.
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