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reste, qui ne parut qu'en 1644. Qu'avait-il besoin, par avance, de ces louanges officielles ? Elles équivalaient, lui disait-on, à des « lettres de chevalerie ». Mais sa naissance le faisait déjà gentilhomme. D'ailleurs, tant de formalités retardaient l'octroi du privilège, qui était impatiemment attendu à Leyde. Il est daté du 4 mai lôSy; Jan Maire le reçut les derniers jours du mois, et le volume fut achevé d'imprimer le 8 juin.
Singulier pouvoir des mots ! Supposons que Descartes eût intitulé Télescope le traité de la Dioptrique, et Arc-en-Ciel celui des Météores, préférant à la terminologie ancienne des appellations modernes : ces deux traités prenaient, ainsi que la Géométrie, un air de nouveauté, qui maintenant encore les recommanderait à l'attention des savants. Et peut-être le Dis- cours de la Méthode, simple préface, après tout, d'un impor- tant ouvrage, n'aurait point, par un phénomène unique dans l'histoire des lettres, fait oublier l'ouvrage lui-même, au point de se substituer à lui entièrement.
La Dioptrique, en effet, était un sujet d'actualité. Les savants l'avaient mis à l'ordre du jour, depuis l'invention des lunettes d'approche en 1608, et Descartes reconnaît que c'est bien
a. Le sens des mots Optique, Catoptrique, Dioptrique, se trouve ainsi expliqué, Mersenne, La Vérité des Sciences, 162b : « ...Or, comme il y a » 3 fortes de raions, fçauoir elt les droits, les réfléchis & les rompus : auffi » y a-i'ii 3 parties dans l'Optique. La première confidere tout ce qui fe » fait par le raion droit, tel qu'elt celuy par lequel nous voyons la lumière » & les couleurs, qui nous font oppofez, l'air qui eft entre l'oeil & l'obieifl » allant vniforme. La féconde partie contemple le raion réfléchi par toutes » fortes de miroirs, & s'appelle Catoptrique, c'eft à dire fcience des » miroirs. La troiiiefme enfeigne comment nous voyons par raions qui » font rompus, comme quand nous regardons vn bâton qui eft partie » dans l'eau, partie dans l'air, & fe nomme Dioptique, ou Me/optique, » parce qu'elle comidere la façon par laquelle les raions palVent par les » milieus diuers, comme quand ils trauerfent l'air, l'eau & le verre en » mefme inftant : on pourroit aulTi nommer cette partie Anaclajlique ou » Diaclajîique. » ^ Pages 229-230.)
b. De Uitvinding der Verrekijkers, van C. de Waard. (La Haye, 1906 in-8, p. 340.) Abrégé en français dans la Revue Ciel et Terre, 28' année (Br. in-8, p. 18, Bruxelles, Weissenbruch, 1907.)
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