Météores. 201
l'usage, « des ardants ». Quant à ces escadrons de fantômes qu'on croit voir parfois la nuit combattre en l'air, il n'a jamais vu de tel spectacle, et pense que les relations qu'on en fait, sont « falsifiées par la superstition et l'ignorance ». Il fait mieux que de n'y pas croire : il donne trois ou quatre bonnes raisons, qui expliquent naturellement ces visions imaginaires^.
S'il détourne l'esprit de ces vains prodiges, c'est pour lui offrir, par contre, des réalités, qui, dit-il, « bien qu'elles » n'aient point été observées par les Anciens, ne laissent pas » d'être une des plus rares merveilles de la nature^ ». Ce sont les petites étoiles à six pointes, dont se composent les flocons de neige. Kepler en avait écrit un traité, en 161 1, que cite notre philosophe. Il s'enquiert aussi des observations sem- blables, qu'avait faites en 1629 Gassend. Mais surtout il observe lui-même curieusement la neige, l'hiver de i635; et plus tard, dans une lettre à Chanut, il rappelle en plaisantant ces expériences qui lui sont « tombées des nues*" ». Il observe
a. Tome VI, p. 323, 1. 22, à p. 324, 1. 24. — Le Mercure français, t. X, p. 285-286, année 1624, raconte encore des histoires de ce genre : « Efmerueillable prodige veu au Ciel en la Principauté d'Anhalt. » Et aussitôt après, p. 287 : « Durant les feftes de la Pentecofte au mefme » lieu, fe veirent en l'air deux caualiers fur leurs cheuaux tout en feu, » l'vn d'eux traifnant par la bride vn cheual aufTi tout en feu. Deux iours » auparauant, il fe veit à Venefchav en Bohême, deux armées dans le » Ciel combattre l'vne contre l'autre. Il y pleut auiïi vne grande quantité » de fang ou eau rouge. » Dans le même t. X, on lit encore, p. i85-i86 : « Vne relation porte qu'au commencement de l'efté (1624), il aduint auiïî » à Rome vn tremblement de terre, mais qu'il ne caufa aucune ruine ; & » que quinze iours après il parut dans le Ciel grand nombre d'efclairs & » de feux, qui durèrent toute la nuift. L'Autheur de cefte relation dit que » les Romains (lefquels font fort fuperftitieux en ces prodiges) faifoient » le lendemain courir vn bruict, qu'ils auoient veu des cheuaux, des » armées & des lances dans le Ciel ; mais pour luy, qui les confidera fort » attentiuement & fans lunettes, il n'y auoit rien veu que des cfclairs, & » quelques traifnees de feu comme des fufees, félon ce qu'il y auoit plus » ou moins de matière. » (Lire peut-être /e/on qu'il, et plus haut avec des lunettes ?)
b. Tome VI, p. 232, 1. i 5-2i, et Discours VI, p. 291-31 1. Voir aussi t. I, p. 127.
c. Tome IV, p. 377, 1. 23-27 : lettre du 6 mars 1646.
Vie de Descartes. 26
�� �