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200 Vie de Descartes.

L'arc-en-ciel est précédé ordinairement de tempêtes, avec tonnerre et éclairs, ou tout au moins de pluie. Le chapitre de Descartes sur les tempêtes est bien documenté : il emprunte largement aux récits des navigateurs et même à des conver- sations de marins ^, si bien que plus tard le P. Fournier ne se fera point scrupule de l'utiliser dans son grand ouvrage de 1643, de V Hydrographie ou Théorie et pratique de la navigation ^. On comprend que plus tard encore, en 1649, Descartes, au cours de la traversée de Hollande en Suède, émerveilla par ses connaissances nautiques le maître du navire. Il n'a garde d'oublier les feux Saint- Elme, ni ces constellations que les anciens appelaient astres d'Hélène, ou Castor et Pollux, et qui, d'ailleurs, depuis Aristote, figuraient dans tous les traités de météorologie. Et il en donne toujours des explications natu- relles ^ De même pour les feux follets, qu'il appelle, suivant

» contrer en l'air, <Sc produifent dans l'eftanc une pluie efpelïe & conti- » nuelle. Le fôleil tumbant là-delTus, enjandre, & au fons de cet eftanc » & en Fair, & tout autour de ce lieu, l'arc du ciel, li naturel & li appa- » rant qu'il n'y a rien à dire de celui que nous votons au Ciel. Je n'avois » pas veu ailleurs cela. » (Pages 270-271, Journal de voyage de Mon- taigne, p. p. Louis Lautrey, Paris, Hachette, 1906.)

a. Tome VI, p. 3i5, I. 18 et 1. 25-26.

b. Voir Hydrographie, p. 476 et p. 704, et notre tome VI p. 3i2,l. 14- 21 (la jolie phrase sur les hirondelles et les moucherons), et p. 3i3, 1. 14 et 1. 3o-3i (sur les (( travades » et la petite nuée blanche dite « œil du )■ bœuf «, Olho de Boy en portugais). Au livre XV. Des vents, chap. .xx : Du feu S. Telme [slc], p. 692, 692-693 et 693, on retrouve, mot pour mot, des phrases entières de Descartes, t. VI, p. 314, 1. 21, à p. 3i5, 1. 26.

c. Le P. Fournier conserve quelques scrupules de religieux: « Puifque » toutefois la caufe de telles flammes eil naturelle, & que c'eft rarement )i que les démons le niellent parmy ces feux, c'ell: foiblell'e d'efprit de le » perfuader que toutes les flammes qui paroilTent, ou les tempeftes & » tonnerres qui furviennent, foient excités par quelque ennemy qui » s'ayde de Magie, & employé les forces des Démons pour fatisfaire à fa » pafîion. Et partant ie conclus que, lors qu'on voit de ces feux repofer » fur nos Hunes, cela ne nous doit eflonner. voire pluftofl donner » quelque alVurance que le fort de la tempefte ell pall'é. « Loc. cit., p. 694.; Et le bon religieux termine ainfi : « Enfin on a de couflume » d'inuoquer S. Telme, & reciter Ion oraifon. » Et il parle des miracles de ce saint. « qui mourut à Tuy, ville de Galice >>.

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