Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XII.djvu/338

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pour Toulouse. Fermat cette fois prit le sage parti de se taire, ne se souciant pas, après les assauts de 1637-1638, de rentrer en lice avec un aussi rude jouteur[1]. Mais Gassend n’avait point pris part à la lutte engagée au sujet de la Dioptrique, peut-être parce qu’il n’avait point reçu le volume en temps utile, ou qu’il était occupé avec sa Vie de Peiresc, publiée alors[2]. Il était donc tout disposé à combattre en 1641 ; et il mit toutes ses forces en ligne et s’engagea à fond. Une chose lui avait déplu d’ailleurs dans la Dioptrique : Descartes ne l’avait pas cité, et il citait un mathématicien de Tubingue, Schickhardt, à propos des parhélies de 1629. A quoi notre philosophe répond vertement, que Gassend est trop heureux qu’on n’ait point parlé de son explication, qui ne vaut rien ; quant au phénomène, de quoi peut-il se plaindre, puisque ce n’est pas lui qui l’a observé[3] ?

Gassend eut donc les Méditations en mains dès le mois de mars 1641, semble-t-il. Nous en avons un résumé de lui dans une lettre du 3 mai ; et le 15 du même mois il remet à Mersenne ses objections, qui partent pour la Hollande le 18 ou le 19[4]. La réponse de Descartes fit l’objet de deux envois : on n’a pas la date du premier, mais le second est du 23 juin[5]. Était-il sincère, en s’imaginant avoir traité « M. Gassendi honorablement et doucement » ? Dans la même phrase, il déclare d’ailleurs, qu’il le « méprise », et que le pauvre homme « n’a pas le sens commun et ne sait en aucune façon raisonner[6] » ; C’est dans ces objections, qui sont les cinquièmes, avec les réponses[7], que les deux adversaires, feignant de s’ignorer l’un l’autre, se donnent les appellations de Mens (Esprit), à l’adresse de Descartes, et Caro (Chair), à l’adresse

  1. Tome III, p. 328, l. 1-14, et p. 332-333.
  2. Tome II, p. 465, l. 1-5, et p. 470.
  3. Tome III, p. 362-363 : du 21 avril 1641.
  4. Ibid., p. 364-365.
  5. Ibid., p. 3S4, l. 2-22.
  6. Ibid., p. 388-389, même lettre.
  7. Tome VII, p. 256-346 et p. 347-391.