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Affaire de Leyde. ^47

afin de les exciter et de les pousser contre son ennemi. Et l'affaire renaissait, avec plus de gravité même. Le blasphème était un crime puni par les lois, et notre philosophe devenait justiciable des tribunaux. Aussi résolut-il d'agir sans retard. Le 4 mai 1647, il écrit aux Curateurs de l'Université de Leyde et en même temps aux Consuls de la Ville, se plaignant et de Triglandius et de Revius, et les mettant au défi de prouver par des citations de ses ouvrages leurs accusations contre lui ". Descartes se décida même à faire jouer le grand ressort. Le 12 mai, il écrivit à son protecteur naturel, le comte de Servien, qui faisait fonction d'ambassadeur de France en Hollande, et pria son ami Brasset, qui ne demandait pas mieux, d'appuyer sa requête. C'est alors qu'il rappelle ses états de service à Bréda en 1618-1619 : il ne pensait pas, lorsqu'il portait les armes pour délivrer de l'Inquisition d'Espagne les Provinces- Unies, que celles-ci dussent sitôt après s'asservir elles-mêmes à un régime semblable. Enfin le prince d'Orange fut également sollicité '^. Les Curateurs et les Consuls, assez embarrassés sans doute et fort ennuyés, prirent un arrêté, le 20 mai, enjoignant aux professeurs de Leyde de ne plus parler de Descartes dans leurs thèses ni dans leurs leçons ; en même temps, ils répondi- rent à celui-ci, eximio matheinatico (ils le traitaient de mathématicien, et non de philosophe), en lui demandant de se taire aussi désormais sur les points de doctrine dont on l'accu- sait. Descartes fut loin d'être satisfait ^ Il aurait voulu une rétractation en forme des professeurs, et qu'elle leur fût imposée d'office par les Curateurs. Au moins, et ce fut sans doute l'effet de ses démarches à l'ambassade de France ainsi qu'à la cour du prince d'Orange, il obtint que l'affaire n'eût pas de suite devant la Faculté de théologie, ni devant les

a. Tome V, p. 1-12 et p. i2-i5. Voir une nouvelle requête, p. 22-23.

b. Ibid., p. 24-27.

c. Ibid., p. 27-28 : du i5 mai 1647.

d. Ibid., p. 29-31 et p. 3i-32 : du 20 mai.

e. Ibid., p. 35-45 : lettres du 27 mai. Voir aussi p. 60, 1. 17-22, et p. 6i-63.

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