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La Famille

fois en France, notamment par un Jésuite qui paraît avoir été son condisciple au collège de La Flèche, le P. Georges Fournier[1]. Son nom d’ailleurs fut imprimé en tête des livres signés de lui, et dans la plupart des ouvrages du temps, en deux mots : M. Des Cartes[2].

Mais ce qui valait mieux que cette petite noblesse, ce sont les emplois publics ou les professions libérales de la plupart des membres de sa famille. Plusieurs, il est vrai, du côté des Sain, furent marchands, et déjà aussi officiers du roi pour les finances ; mais les Brochard occupèrent des charges de justice et de police, et les Ferrand furent des hommes de science ou d’étude, comme ce bisaïeul, conservateur des privilèges de l’Université de Poitiers, et qui lui-même avait épousé Anne de Sauzay, fille d’un bibliothécaire du roi[3]  : un de leurs descendants, Gaspard d’Auvergne, fut poète et traduisit Machiavel. Si donc plus tard le bonhomme Descartes, père de notre philosophe, dira dans sa vieillesse que son cadet n’était bon « qu’à se faire relier en veau[4]  », saura-t-on jamais de quel ton il disait cela ? Comme une boutade, et dans un mouvement d’humeur ? Ou comme la plaisanterie d’un vieillard jovial, glo-

  1. Le P. Fournier (Hydrographie, 1643, p. 512, 695, etc.) dit même toujours : « gentilhomme breton ». Ce qui ferait croire à des souvenirs de collège : l’élève René Descartes était connu à La Flèche comme fils d’un conseiller au Parlement de Bretagne, donc breton. Lui-même alla plus d’une fois en Bretagne, chez son père ou ses frères et beau-frère : aussi parle-t-il, pour l’avoir entendu, du dialecte ou patois « bas-breton ». (Tome VI, p. 7, l. 17-18, et t. X, p. 503, l. 3.)
  2. La signature de Descartes au bas des autographes que nous avons de lui, ne prouverait rien : les caractères d’écriture sont tous d’une seule venue, sans intervalle entre DES et CARTES. Mais plusieurs actes de baptême et autres montrent un intervalle très net et certainement intentionnel dans les signatures du père, Joachim Des Carthes, 32 février 1577 ; et de René lui-même, René Des Cartes, 21 mai 1616, et plus tard, 27 juillet 1625 ; enfin de son frère aîné, P. Des Cartes, 5 décembre 1620. (Barbier, loc. cit., 1901, p. 553-554 et p. 562.)
  3. Ropartz, p. 19.
  4. Id., p. 100. L’anecdote sera examinée et discutée, en son lieu, lors de la mort de Joachim Descartes, en octobre 1640.