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Principes de la Philosophie. jji

théorie de l'erreur est à sa place, au centre de la discussion), mais des erreurs réelles que nous commettons dans la recherche de la vérité, avec leur dénombrement au début, et à la fin leurs causes et leur eflPet, qui est de fausser la philosophie : témoin la scolastique. Toutefois Descartes marque ici, plus nettement qu'H n'avait fait, la part du libre arbitre : l'erreur s'explique par une faiblesse de la volonté, qui se laisse aller; le doute, qui est comme la libération de l'esprit, est un acte d'énergie par lequel se reprend et se ressaisit cette même volonté ". Notre philosophe insiste aussi, plus qu'il n'avait fait, sur l'idée d'in- fini, Dieu ayant été dans les Méditations considéré plutôt comme l'Être parfait. La différence est grande, cependant, et n'irait à rien moins, si on la suivait jusqu'au bout, qu'à diriger la métaphysique dans le sens de la morale plutôt que de la science. Mais Descartes n'envisage pas cette éventualité. L'idée d'infini le conduit seulement à deux applications, d'ordre scientifique l'une et l'autre : infini de grandeur, les espaces s'ajoutant aux espaces indéfiniment ; infini de peti- tesse, la matière étant divisible à l'infini. Un champ immense s'ouvre ainsi des deux côtés à l'esprit humain pour la connais- sance de l'univers. Mais prudemment Descartes a substitué à l'infini, mot dangereux, celui d'indéfini. Il ne faisait que suivre en cela d'abord la pente naturelle de son esprit : il avait le sentiment que celui-ci est fini ; toute affirmation, que les choses sont infinies, ou qu'elles ne le sont pas, l'aurait égalé à l'infinité divine : ce qui eût été le comble de la pré- somption. Et cette attitude réservée n'était pas moins conforme à la prudence de son caractère : il évite de se prononcer sur le sujet si dangereux de l'infinité du monde, et ne répond pas là-dessus aux théologiens. Il fait mieux, il prévient toute question indiscrète de leur part ; et par là-même il écarte les difficultés scientifiques, qui viendraient de la considération

a. Tome VIII, p. 17-21, et t. IX (2' partie), p. 38-43 : an. xxxi-xliv.

b. Ibiii., p. 14-15 : art. xxvi et xxvii. De nicme. p. 5i-52 : Pars II*, art. XX et XXI.

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