la mathématique n’en étant qu’une partie, parmi plusieurs autres. Descartes a renversé cet ordre : avec lui, la mathématique va devenir le tout, dont la physique ne sera plus qu’une partie. Les objets étudiés par la mathématique comprennent une infinité de possibles ; le monde réel est seulement l’un d’eux, assujetti aux mêmes règles et aux mêmes lois que tous les autres ; donc, pour le bien entendre, on doit d’abord connaître ces lois. La mathématique est ainsi rétablie dans ses droits et ses prérogatives; et c’est grâce à elle que la physique, consentant à devenir sa sujette, peut prétendre désormais à la dignité d’une science véritable. Déjà Galilée avait dit que la mathématique est comme la langue universelle, qui seule permet de lire les caractères dans lesquels est écrit l’univers. Descartes se sert d’une comparaison du même genre : ce monde est comme une énigme, et la mathématique nous en donne la clé ; ou bien il est écrit dans une écriture chiffrée, et c’est la mathématique qui nous fournit le chiffre". Est-ce
a. Tome VIII, p. 327-3 ^8; ou t. IX (2* partie), p. 323-327 : art. ccv. On trouve dans un petit volume du xvii» siècle, et sous la plume d’un auteur auquel on ne s’attendait g-j^r; (l’abbé Cotin, connu surtout aujour- d’hui par les railleries de Molit rc- ;: de Boileau), des idées très nettes sur la connaissance absolue qu’a-Tibiticnnent les philosophes, et la connaissance relative dont nous devons .sous contenter. Galanterie fur la Comète apparve en Décembre 1664 & en lanuier i665, conclusion : « . . .11 faut » aduoûer fincerement, que la nature a plus de voyes pour faire les » choies, que nous n’en auons pour les connoiftre, & que ce que nous » croyons des veritez infaillibles, n’eft fouuent que des foupçons & des » coniedures. La prefomption feroit infupportable, de penfer feulement » que nortre efprit fût dvne égale eftenduë à la puiffance de cette maistresse du monde. . . Elle a des myfteres où nous ne fommes pas encore, » & où peut-eftre nous ne ferons iamais initiez : nous croyons eftre » entrez dans le fancluaire, & nous ne fommes pas feulement à l’entrée » du temple. . . » [Œuures Galantes de Monjieur Cotin. Seconde partie. A Paris, chez Eftienne Loyfon, M.DC.LXV. Pet. in-8.) Voir p. 383. Quelques pages plus haut, l’auteur disait, dans la même pièce («c’étaient bien là les exigences auxquelles Descartes prétendait aussi satisfaire) : « Ceux qui demandent aux Philofophes des prennes de leurs fyfthemes, » & non pas des fuppofitions, voudroient réduire les principes de leur » Phyfique iufqu’aux premiers principes de connoiffance, iufqu’à ces
�� �