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Passions de lAmk. ^07

une fausse générosité, qui n'en a que l'apparence, et qui est plutôt de l'orgueil, un injuste orgueil, pour des choses qui n'en valent pas la peine et ne sont pas des biens véritables : richesse, naissance, et autres avantages extérieurs. Cet orgueil n'exclut pas, il implique souvent, au contraire, une fausse humilité, une humilité vicieuse •\ Et Descartes condamne ces deux passions, qui prennent effrontément le masque des deux précédentes; il a ses raisons pour cela, que nous verrons bientôt.

En attendant, il signale l'heureux effet de la générosité, chaque fois qu'elle se joint à telle ou telle autre passion. Déjà tQut à l'heure, par elle l'amour était comme transfiguré. C'est par elle aussi que nous avons la force de lutter contre nos désirs, ou puisque la lutte directe est presque impossible, de préparer de loin le triomphe de la volonté ■■■. Maintenant elle ennoblit parfois des passions inférieures, par exemple la jalousie : il y a une jalousie louable, en effet, celle du capi- taine jaloux de conserver à son prince une place qui lui a été confiée*^; celle de l'honnête femme jalouse de son honneur, et

a. Tome XI, p. 460 : art. clix.

b. Ibid., p. -390, 1. io-i5.

c. Ibid., p. 438, ). 1-2, et p. 448, 1. 4-6.

d. Ibid., p. 458, 1. 6-19. Voir aussi t. II, p. 64-65. On songe involon- tairement à ces paroles d'un contemporain de Descartes, Abraham Fabert (1599-1662), lesquelles ont été gravées en 1842 sur le socle de sa statue à Metz : « Si pour empêcher qu'une place \ que le Roi m'a confiée I ne tombât au pouvoir de l'ennemi, \ il fallait mettre à la brèche | m<i per/onne, \ ma famille & tout mon bien, \je ne balancerais pas un moment à le faire. » Nous n'avons pu d'ailleurs trouver aucune trace de relations entre Descartes et Fabert, bien que Baillet ait assuré [loc. cit., t. II, p. 176) l'existence de telles relations, peut-être parce que Fabert. avait pris part au siège de La Rochelle, où Baillet pensait que Descaries s'était aussi trouvé.

Citons encore ce trait de Fabert : « LoH'qu'il vifitoit les travaux de Sedan, » il étoit environné d'Officiers & de Bourgeois ; il parloit aux uns & » aux autres avec un air naturel qui lui gagnoit leur confiance. Retour- » nani un jour au Château par la Ville, une Sédanoife barra le chemin, » & lui dit, les larmes aux yeux : Vous voye:^, Monfeigneur, une mère » bien à plaindre : mon fils que je vous ai pré/enté ily a quelques jours

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