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existait-il déjà pour les orateurs, sous le titre de Conciones ? Toujours est-il que Descartes cite également quelques passages des harangues de Cicéron.

Il apprit le latin à fond, non seulement comme une langue morte, mais comme une langue vivante qu’il pourrait avoir à parler et à écrire. Il la parla, en effet, quelquefois en Hollande, et même en France à une soutenance de thèses ; et il l’écrivit dans trois ou quatre de ses ouvrages et un certain nombre de lettres[1]. Quelques-unes de ses notes mêmes, rédigées pour lui seul et à la hâte, sont en latin[2]. Il maniait cette langue aussi bien et souvent mieux que le français, le plus souvent avec vigueur et sobriété, parfois aussi pourtant avec quelques gentillesses de style qui rappellent les leçons des bons Pères ; lui-même avoue qu’il a fait des vers, sans doute des vers latins, et une fois avec Balzac il se piqua de bel esprit et lui écrivit dans un latin élégant « à la Pétrone[3] ».

Les trois dernières années de collège étaient employées à l’étude de la « philosophie », qui comprenait trois parties : la logique, la physique et la métaphysique. En première année, on étudiait aussi la morale avec la logique ; et en seconde année, les mathématiques avec la physique. Tel était du moins le programme du temps de Descartes, de 1609 à 1612. Plus

  1. Sur un total de 498 lettres. 63 sont en latin. De mêmes les trois ouvrages intitulés : Meditationes (1641 et 1642), Epistola ad Celeberrimum Voetium (1643). Principia Philosophiæ (1644).
  2. Tome XI, p. 549-646. Notes d’anatomie : peut-être, vu la nature spéciale du sujet, le latin était-il de rigueur.
  3. Tome I, p. 12 : « Stylo, ut aiebat, Petroniano », mot de Descartes rapporté par Balzac, dans une lettre à Chapelain, du 22 avril 1637, à propos de la lettre de mars 1628, t. I, p. 7-11. Balzac répondit à Descartes en français, p. 569-571, lettre du 30 mars 1628. — Notre philosophe avoua lui-même à Huygens, qu’autrefois il avait fait des vers : t. IV, p. 102, l. 2-3, lettre du 14 mars 1644, sans doute des vers latins, puisque Huygens lui rappelle cet aveu, à propos de vers latins qu’il lui envoie. — Quant au style de Descartes en latin, voir quelques remarques, t. IX, 2e partie, p. viii-ix. Pourtant il déclare, dans une lettre à Pollot, du 1er janvier 1644, qu’il lui faut beaucoup plus de temps pour écrire en latin qu’en français, t. IV, p. 73, l. 3-7.