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Descartes en Suède. 09

là, sans doute, ces entretiens théologico-philosophiques, par- fois le soir, qui édifiaient Madame Chanut : elle aurait voulu que ses fils, deux jeunes garçons de quatorze à dix-huit ans,

» en cette carrière. Comme il en eftoit à la fin, preft de prendre le bonnet » de dofleur auec beaucoup d'approbation dans tous fes a£les publics, il » arriua que les anciens Auguftins, vne belle ouid, rentrèrent dans leur » Conuent & en chalVerent les reformez, qui ne tenant plus cette maifon, » ne voulurent plus qu'aucun des leurs paruint au doftorat. Le Perc Vio- » gué, après le trauail de deux années, fe voyant preft d'obtenir ce degré » honnorable dans fon corps, infifta pour acheuer & prendre le bonnet. » Vne faétion nouuelle s'efleue dans ceux de fon ordre en mefme temps & » luy refufe la fuitte de cet honneur. Il s'en plaimfl à fon gênerai, qui luy » permet de pourfuiure cette dignité, & pour cet effect | luy ordonne de » retourner au grand Conuent pour y acheuer fa fcience. Il y va, mais » ceux de fon ordre enuieuxle chargent de mille rapports à Rome, & fans » attendre ce que le General ordonneroit fur leurs inftances, l'enleuent de » viue force au fortir de Sorbonne, l'enferment chez eux, luy font palier le » temps qu'il deuoit prendre le bonnet, & enfin le relèguent en vn mona- » ftere éloigné, au Blanc en Berry. Comme je fçauois le détail de cette » affaire, & connoilTois la bonté, candeur & dodrine de ce bon Père, » j'eus quelque deffein de le demander comme J'eftois preft à partir. Mais » on me prefToit. Il eftoit éloigné de la Cour, & je ne fçauois point s'il » voudroit venir. Maintenant que d'vn cofté je reffens la peine qu'il y a » de trouuer des gens propres à feruir Dieu en ces lieux, | & que je fuis » affeuré qu'il me donneroit volontiers quelques années à trauailler en » repos icy, & faire prouifion d'eftudes pour la prédication quand il s'en » retourneroit en France, j'ay penfé qu'il n'y pouuoit auoir inconuenient » de le demander à fon General, & que, s'il y auoit quelque difficulté, » elle pourroit venir de ce que, ne me connoiffant pas, il douteroit de la » certitude de ce que je luy expofe ; de façon que, s'il vous plaifoit de » vous donner la peine de le voir & de luy faire entendre que le Roy tient > vn Miniftre en cette Coiir, qu'elle eft entièrement Luthérienne, que le » petit nombre de catholiques qui s'y trouue n'a pas en tout le Royaume » vn feul preftre, & n'en peut auoir que dans noftre Maifon, qu'il importe » que ce foit vn homme fçauant & de bonne vie; qu'il y a | trop de mon » propre intereft, pour luy demander ledicl Père Viogué, fi je ne le con- » noiffois tel & fi je n'eftois bien alTeuré de fa probité : j'eftime qu'il ne » fera point de difficulté de luy donner obédience pour me venir trouuer » icy en habit d'Ecclefiaftique feculier, n'y pouuant eftre admis autre- » ment; & peut eftre que le Père General ne trouuera pas mauuais de » tirer auCfy par cet expédient ce pauure Religieux de la rigueur que luy » font fouffrir ceux de fon ordre, pour ce qu'il a defiré d'cftre Dodcur » contre leur gre. » [Bibl. Nat., MS. fr. 17962, p. 109 v. à p. 1 12.) A M. de Meules, 19 mai 1646. Il s'agit toujours d'un aumônier : si le

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