Appendice. 601
yeux sur l’Eglise de sainte Geneviève du Mont, que l’on ne regardoit pas moins comme le sanctuaire des Sciences, que comme celuy de la Religion. On souhaitoit d’exposer ce corps à toute la France fur le lieu le plus élevé de la capitale, & sur le sommet de la première Université du Royaume, afin que les dépouilles de la mortalité de ce grand Philosophe pussent servir de trophée à la Vérité éternelle, que son esprit avoit recherchée fur la terre, & que son ame possédoit en l’autre monde, autant qu’il étoit permis de l’espérer de la miséricorde de Dieu. L’Abbé de sainte Geneviève. Général de la Congrégation, qui étoit alors le Révérendissime P. François Blanchard, reçut la proposition qu’on luy en fit, avec plaisir; & tous les Religieux de la maison n’eurent qu’une voix pour y consentir. Le Père l’Allemant, Chancelier de l’Université, célèbre par divers ouvrages de piété, dont le Public fera long-têms ses délices, fut choisi pour composer l’Oraison funèbre, & M. Clerfelier luy fournit les mémoires nécessaires pour y réiiflir. D’un autre côté, M. Foucher, Chanoine de Dijon, demeurant pour lors à Paris, s’étoit chargé d’en faire encore une autre, à la prière de M. Rohault, pour être prononcée en un autre lieu, dont on devoit convenir dans la fuite. Messieurs de sainte Geneviève voulurent bien prendre tous les foins de l’appareil funèbre qui regardoit la décoration de leur Eglise, & M. d’Alibert convint avec eux des moyens de faire la chose avec un éclat & une magnificence à laquelle on n’eût rien à desirer.
« Toutes chofes étant préparées pour le xxiv Jour de Juin. [Regijlre des Jure^ Crieurs, du Samedy 2S Juin 1667], la pompe funèbre partit de la rue Beau-treillis, où demeuroit M. d’Alibert, après le foleil couché, pour fe rendre à l’Eglife de faint Paul, d’où l’on devoit lever le corps. Elle étoit compofée du Clergé de cette grande Paroiffe, d’un nombre très-grand de Pauvres revêtus de neuf au nom du Défunt, portant des torches & desflambcauXj&d’une longue (f»a^e^.^o) fuite de caroffes, remplis de perfonnes de la première qualité, de tous les amis du Philofophe qui reftoient à Paris, & d’une foule de fes Sedateurs, qui n’avoient jamais eu l’honneur de le connoitre. Elle arriva devant
nous faire embraffer les vérité^ de la Religion Catholique, Apojlolique & Romaine.
Le Témoignage en question remplit la p. lo. (Note communiquée par M. Victor Chapot, sous-bibliothecaire à la Bibliothèque Sainte Geneviève.)
Vie de Descartes. 76