6o2 Vie de Descartes.
» l'Eglife de fainte Geneviève peu de têms apre's les matines de la » Communauté. L'Abbé, revêtu des habits pontificaux, la mitre fur » la tête & la croffe à la main, accompagné de tous les Chanoines » réguliers, portant chacun le cierge, alla recevoir le corps à la » porte de l'Eglife, & le conduifit dans le Chœur, où l'on chanta » folennellement les Vêpres des Morts. L'induftrie des Pérès de » fainte Geneviève pour l'appareil funèbre, & pour tout le céré- » monial Eccléfiaftique, qui eft toujours fort majeftueux parmi les » Chanoines réguliers, enchérit encore beaucoup au-deffus de tout » ce que l'imagination du généreux M. d'Alibert avoit pu leur » fuggérer; & depuis la mort du Cardinal de la Roche- Foucaut, » Réformateur de leur Ordre, l'on ne fe fouvenoit point d'avoir » rien vu de plus pompeux dans leur Eglife. Les prières finies, » l'on porta le cercueil au côté méridional de la nef, & on le pofa » contre la muraille {en marge : entre deux confefiionnaux) dans » un caveau qui luy avoit été deftiné, entre la chapelle du titre de )/ fainte Geneviève & celle du titre de faint François. La groffe » fonnerie qui fe fit entendre par toute la Ville, dans le têms que » tous les bruits du jour commençoient à céder au filence de la » nuit, excita la curiofité ou ia dévotion d'une infinité de monde, » qui accourut à l'Eglife le lendemain, qui étoit un famedy, auquel » on avoit remis le fervice : ce qui produifit une foule d'affiftans, )) beaucoup plus grande que celle de la veille. Mais à travers de » tout cet appareil, il vint un ordre de la Cour, portant deffenfe de » prononcer publiquement l'Or.aifon funèbre. Il fut reçu avec » refped, & fut exécuté avec autant de foùmiflîon, que s'iL » n'eût pas été furpris. Dès le mois de Mars [Lettr. Mf. de » Clerf. au P. V Allemant, du i6 Mars lôôj. Item, Mém. Mff. de » Clerf. ^^ lorfque la pièce n'ètoit encore qu'ébauchée fur le papier » du P. l'Allemant, l'on avoit reçu quelque avis que, parmi la » foule des auditeurs qui feroient ravis d'entendre prononcer cette » Oraifon. il fe glifferoit infailliblement quelques cenfeurs mal >) intentionnez, qui pourroient en faire un mauvais ufage. La » crainte parut aflez bien fondée à M. Clerfelier, qui jugea qu'on )> devoit en continuer la compofition, mais s'abftenir de la prononcer » en public. Le P. l'Allemant, charmé de la {page 441) beauté de fon » fujet, n'avoit pas laifle de fe préparer dans la fuite, à la perfuafion » de ceux qui prenoient cette crainte pour une terreur panique. » Mais l'événement fit connoître tout à propos, que M. Clerfelier » avoit confeillé le meilleur parti. Cependant en fit le fervice folen- » nel avec la même magnificence que la veille. Le Rèvérendiffime
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