ôi8 Vie de Descartes.
Lettre de M. Ber:{elius à M. le baron G. Cuvier.
« Stockholm, ce 6 avril 1821. « Monsieur,
« Je vais avoir l'honneur de vous faire une communication assez » curieuse. Dans une séance de votre Académie des sciences, où je » fus présent pendant mon séjour à Paris, j'entendis le rapport fait » par des Membres de l'Académie qui avaient été présents au trans- » port des ossements de Descarte^, je crois de l'Eglise de Sainte- » Geneviève à un autre endroit. On y annonça qu'il y avait des » parties manquantes au squelette, et si je ne me trompe, que » c'était la tête qui manquait. Quelqu'un parmi les Académiciens » répondit alors, que les ossements de Descartes, étaient arrivés de » Suède dans cet état incomplet. Cette circonstance me frappa. » Une chose qui avait appartenu à Descartes, était certainement » une relique précieuse ; mais ôter une partie si essentielle de sa » dépouille mortelle redemandée par la patrie de ce grand homme, » me parut un sacrilège, que l'on ne devait reprocher aux Suédois, » sans en être bien assuré. »
« Mais quelle fut ma surprise, lorsqu'il y a un mois, je lus » dans une de nos Gazettes, que parmi les effets de feu M"^ Sparr- » man on venait de vendre à un encan le crâne de Descartes pour » la valeur de 87 francs. En me rappellant ce que j'avais entendu à n Paris, je me décidais à me procurer cette tête; car même si elle » n'était pas de Descartes, je trouvais indécent qu'une tète qui pas- » sait pour la sienne, fût peut-être vendue encore une fois comme » un objet de curiosité. Par un heureux hazard, j'appris que ce » crâne venait d'être acheté par un certain M Arugren. Je lui » proposais de me le céder au prix qu'il voudrait bien fixer, » afin que je pusse l'envoyer à Paris, pour être joint aux autres » restes du célèbre Philosophe français. M"^ Arugren eut la com- » plaisance de me dire que, pour un but si louable, il consentait à » me céder le crâne au prix qu'il l'avait acheté lui-même. »
i( Notre Ministre à Paris, M"" le comte de Lœvenhielm, qui partit » d'ici avant hier, a eu la complaisance de se charger du transport » de cette relique, dont je vous prie, Monsieur, de faire l'usage que » vous jugerez convenable. »
« Il est impossible de déterminer avec certitude, que le crâne en » question est en effet celui de Descartes ; cependant les probabi- » lités en faveur de cette idée sont très grandes, puisque la plupart^
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