Page:Descartes - Les Passions de l’âme, éd. 1649.djvu/272

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qu’ils ne doivent, à cauſe que tout ce qui leur arrive de nouveau les ſurprend & foit que, ſe l’attribuant à eux-meſmes, ils s’admirent, & qu’ils s’eſtiment ou ſe mépriſent ſelon qu’ils jugent que ce qui leur arrive eſt à leur avantage ou n’y eſt pas. Mais, parce que ſouvent après une choſe qui les a enorgueillis en ſurvient une autre qui les humilie, le mouvement de leurs paſſions eſt variable. Au contraire, il n’y a rien en la généroſité qui ne ſoyt compatible avec l’humilité vertueuſe, ni rien ailleurs qui les puiſſe changer, ce qui foit que leurs mouvemens ſont fermes, conſtants & toujours fort ſemblables à eux-meſmes. Mais ils ne viennent pas tant de ſurpriſe, parce que ceux qui s’eſtiment en cette façon connaiſſent aſſez quelles ſont les cauſes qui font qu’ils s’eſtiment. Toutefois on peut dire que ces cauſes ſont ſi merveilleuſes (à ſavoir, la puiſſance