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Page:Descaves - La Vie douloureuse de Marceline Desbordes Valmore.djvu/112

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MARCELINES DESBORDES-VALMORE

De son enfant qui a pourtant dix-huit mois, pas un mot. C’est seulement en 1813 qu’elle révélera son existence au soldat en captivité sur les pontons. Elle ajoutera que ses deux sœurs sont « enterrées dans deux villages fort tristes » et que « leurs petits ménages ne sont pas trop heureux ».

Ces villages étaient situés dans l’arrondissement des Andelys, et celui qu’habitait Eugénie a nom Charleval. Tout me porte à croire que Marceline mit son enfant en nourrice dans cette région (peut-être même chez l’une de ses sœurs), dès sa naissance, et que ce fut pour se rapprocher de lui qu’elle vint se réfugier, en 1811, à Rouen ou dans les environs. Marceline n’a nourri aucun de ses enfants. Il est probable qu’elle ne fît pas d’exception en faveur du premier, soit pour raison de santé, soit pour conserver un amant déjà enclin à voltiger de belle en belle.

Et si, d’autre part, celui-ci, du moment qu’il s’éloigna de sa maîtresse, ne subvint plus à ses besoins, comment Marceline vécut-elle pendant trois ans ? Ses sœurs étaient pauvres, l’une d’elles avait la charge du père Desbordes. Il ne fallait guère compter sur une aide par là. Autant pour vivre elle-même que pour élever son fils, Marceline remonta-t-elle sur les planches, à Rouen ou ailleurs en province ? L’hypothèse n’est point en contradiction avec ce que la sœur écrit à son frère, en 1813 seulement :