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Page:Descaves - La Vie douloureuse de Marceline Desbordes Valmore.djvu/152

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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

de Berton lui donnaient-elles la cadence et le nombre ! Aux heures les plus troublées de sa vie, avant son mariage, à la veille d’une trahison, au lendemain d’un deuil, à ce qu’elle appelle si noblement : l’adieu d’un prestige !

Mais qu’avait-elle besoin de chanter, devant cet album, de vieux airs sus par cœur ? Elle l’a dit à Sainte-Beuve : « la musique roulait dans sa tête malade… » et l’ensemençait d’élégies, sans l’accompagnement d’aucun geste de la main, ni d’aucune inflexion de la voix…

Impitoyable aux bas bleus, Barbey d’Aurevilly a rendu justice à Mme Desbordes-Valmore en n’accrochant pas son portrait sur acier, dans la galerie des femmes dont il a buriné la physionomie littéraire.

Mais le flagellateur est encore terrible pour celles qu’il épargne ; il ne leur fait grâce que des étrivières et leur signifie tout de même ses arrêts motivés.

Voici ce qu’il dit de Mme Valmore : « Quand on relit le volume de 1820, inouï de niaiserie et de platitude, mais où, çà et là, pourtant, on rencontre un accent juste dans l’ardeur ou la profondeur de l’amour, on se demande comment le bruit put venir à ce nom de Valmore… »

D’Aurevilly écrivait cela en 1860. Mme Valmore