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L’ÉPOUSE

Le duc Mathieu de Montmorency, élu académicien en 1825, ayant manifesté l’intention d’abandonner son traitement à un littérateur pauvre, Mme Récamier saisit la balle au bond et proposa incontinent Mme Desbordes-Valmore, qui fut agréée. Latouche, que l’amie de Chateaubriand avait chargé d’avertir la bénéficiaire, prédit son refus, « refus noble, simple, empreint de reconnaissance, mais enfin refus ». Il ne se trompait pas. Marceline, avec mille protestations de gratitude, écrivit à Mme Récamier : « Pardonnez si mes mains ne s’ouvrent pas pour accepter un don si bien offert. Mon cœur seul peut recevoir et garder d’un tel bienfait tout ce qu’il a de précieux et de consolant, le souvenir du bienfaiteur et la reconnaissance dans le poids de l’or. »

Mais Mme Récamier ne se tint pour battue que sur le domaine du grand seigneur et, l’année suivante, elle enlevait pour Marceline qui, cette fois, l’accepta, une pension du ministère, au nom de Charles X. Ce fut, d’ailleurs, l’oncle Constant qui en toucha le premier quartier. Car il n’était pas heureux, et vivait péniblement des copies qu’il faisait au Louvre, pour des étrangers.

De l’ancien couvent des Capucines, il avait transporté son attirail dans l’espèce de « cage à pou-

    à son mari, que l’oncle s’affligeait de savoir « dans les mains d’un méchant » le portrait qu’il avait fait de Marceline et qui, rendu au ménage par Latouche, figure à présent au Musée de Douai. Il est reproduit en tête de ce volume.