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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

d’abord, pour conduire son fils Hippolyte, âgé d’une douzaine d’années, dans une institution de Grenoble où l’avait fait entrer un inspecteur d’académie, Pierquin de Gembloux, paléographe et poète à ses heures. C’était aussi, c’était encore à ce moment, l’ami de l’une des amies les plus intimes de Mme Valmore, Caroline Branchu, la cantatrice, et c’est par celle-ci que les Valmore avaient fait la connaissance du personnage dont la liaison avec Caroline touchait à sa fin. Autre voyage pénible de Grenoble à Paris, en plein hiver.

Après quatre jours et quatre nuits passés, avec dix-huit personnes, en diligence, à travers des chemins souvent impraticables où l’on s’embourbait, la pauvre femme arrivait à Paris, où lui donnait l’hospitalité, à chacun de ses séjours, l’amie également chère, Pauline Duchambge. Elle la trouvait seule, malade, sans feu, dévorée d’infortune « et frappée au cœur comme loi », écrivait Marceline à Caroline Branchu, sans oser ajouter : et comme moi.

C’était ce qu’elle appelait une « arrière scène », c’est-à-dire ce qui se passe derrière le rideau du luxe, du bonheur, de la réputation.

Ainsi, de vive voix ou par correspondance, Caroline, Pauline et Marceline se consolaient entre elles de leur abandon exprimé ou sous-entendu.

Ouvrons, ici, une parenthèse.

Mme Valmore, est, par essence, une petite bourgeoise. Elle n’eut jamais la moindre velléité de