Aller au contenu

Page:Descaves - La Vie douloureuse de Marceline Desbordes Valmore.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
XI
AVANT-PROPOS

révélation, somme toute, est le moindre de mes soucis. Je ne comprends même pas que l’on tienne absolument à déchiffrer le mot d’une aussi piètre énigme. Mais prenons-en notre parti. Lorsque, par hasard, les amants se sont tus, c’est à qui maintenant parlera pour eux. Parents, amis, biographes, admirateurs ! parlent en chasse, fouillent, relèvent les pistes, les marques du linge… et publient leurs découvertes, pleins de cette allégresse que faisaient paraître, en dansant, les Iroquois dont le trophée s’enrichissait d’une chevelure. À plus forte raison quand ils peuvent brandir deux scalpes au lieu d’un.

On n’en est pas encore à mettre des plaques commémoratives sur les alcôves : Ici s’aimèrent… mais cela viendra.

Je ne me suis pas enrôlé dans le corps d’éclaireurs qui s’est donné la mission d’explorer, comme un bois, la jeunesse de Marceline. Les batteurs d’estrade, après avoir longtemps erré et même, dans l’obscurité, tiré les uns sur les autres, sont revenus bredouille. Je n’entrerai pas, après eux, dans les ténèbres pour les épaissir. En ne désignant pas le quidam dont elle eut à rougir, Marceline a demandé grâce pour lui. Qu’elle soit exaucée. Elle a sauvé de l’oubli le nom de Valmore ; elle n’est pas obligée de rendre le même service à l’autre.

On m’objectera que des témoignages sont acquis dont je dois compte au lecteur.

Soit. Je dirai donc tout net que je considère