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Page:Descaves - La Vie douloureuse de Marceline Desbordes Valmore.djvu/218

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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

d’Ondine avait un air de blâme tacite pour les soins et les effusions que sa mère se montrait prête à prodiguer journellement à quiconque la sollicitait. Ondine suivait sa ligne de vie à part, en amitié, en étude. Sa mère l’appelait « notre charmante lettrée » indiquant par là qu’elle la croyait plus savante qu’elle.


Or, Ondine — ce n’est à présent un secret pour personne — fut aimée par trois hommes : par le littérateur Latouche, pour le mauvais motif, par Sainte-Beuve, pour un motif incertain ; enfin, pour le bon motif, par M. Langlais, représentant de la Sarthe, qui l’épousa en 1851 et la perdit en 1853, à l’âge de 32 ans.

En 1839, Sainte-Beuve n’était qu’affable aux Valmore et, sentimentalement occupé ailleurs, n’avait aucun penchant pour leur fille aînée. Elle lui paraissait agréable au moral plus encore qu’au physique, et c’était tout. Cette année-là, en outre, du mois de mai au mois d’août, il voyagea en Italie.

C’est en son absence que Latouche alla de l’avant. Il avait 54 ans et possédait la confiance du ménage, qu’il voyait fréquemment. Marceline n’oubliait pas les services littéraires de toute sorte qu’il lui avait rendus et dont elle s’était acquittée à grand renfort d’épigraphes, lorsqu’elle avait publié, en 1833, les Pleurs.

Il faudrait peu la connaître pour croire que les assiduités de Latouche lui furent tout de suite suspectes. Elle mit le temps à s’en apercevoir. Encore dût-on lui ouvrir les yeux et lui représen-