À Tarbes, en effet, elle avait fait partie d’une troupe où brillait Monvel ; et sur cette découverte de M. Pougin, nous aurons l’occasion de revenir.
À Bayonne, enfin, l’obligeance d’une dame chez qui Marceline et sa mère logeaient, permettait à Catherine Desbordes, en possession de l’argent du voyage, de satisfaire son obsession, de courir à Bordeaux, de s’y embarquer et de cingler vers la Guadeloupe, pour faire naufrage au port !
Pauvre femme ! On voudrait être indulgent à des erreurs qu’elle va bientôt payer si cher. On lui pardonnerait un coup de tête, la France traversée d’une traite, de Douai à Bordeaux, comme en rêve, l’embarquement, puis le réveil là-bas, trop tard, réveil de quelques jours avant le grand sommeil…
Mais ce long voyage à petites soirées, à petits feux ; le sauvetage d’une famille tenté par la mère au moyen de sa fille ; cette tournée insensée de misère, d’embûches et d’affronts, entreprise par deux vagabondes, l’une gagnant, l’autre quêtant leur passage à bord d’un bateau… ; non, ce n’est pas un coup de tête, c’est le ferme dessein d’une sotte opiniâtre ; et plus on y songe, moins sa conduite extraordinaire trouve grâce à nos yeux.
« Arrivée en Amérique, a écrit Mme Valmore, ma mère trouva ma cousine veuve, chassée par les nègres de son habitation, la colonie révoltée, la