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MARCELINES DESBORDES-VALMORE

line eut à cœur, non seulement de n’être pas à charge aux siens, mais encore de leur venir en aide.

La troupe lilloise de comédie desservait le théâtre de Douai. C’est à cette troupe sans doute que Mlle Desbordes fut redevable de débuter, le dimanche 21 novembre 1802, à Douai même, dans Le Philinte de Molière ou la suite du Misanthrope, comédie en cinq actes de Fabre d’Églantine, qu’accompagnait sur l’affiche une autre petite comédie : Le roman d’une heure ou La folle gageure, d’Hoffman.

Il est vraisemblable qu’elle termina la saison à Lille, où quelqu’un, l’ayant remarquée, la fit engager au Théâtre des Arts, à Rouen. Toujours est-il qu’on l’y voit et qu’on l’y applaudit, l’année suivante, dans les ingénuités et les jeunes dugazons. Car les artistes des grands théâtres de province, à cette époque, devaient pouvoir interpréter à la fois la comédie et l’opéra.

Bien longtemps après, en 1852, Mme Valmore écrivait à l’un de ses amis : « Cette ville toute moyen-âge est hérissée pour moi de souvenirs durs comme des pointes de fer. J’avais quinze ans (elle se rajeunissait), lorsque j’y suis entrée avec une de mes sœurs et mon père, quand je revenais d’Amérique. Là, j’étais la petite idole de ce public encore sauvage (il avait sifflé Talma) et qui sacrifie tous les ans deux ou trois artistes, comme autrefois des taureaux. Moi, l’on me jetait des bouquets, et je mourais de faim en rentrant,