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MARCELINES DESBORDES-VALMORE

Elle n’oublia jamais l’hospitalité ni les bons conseils que lui avaient donnés Grétry et sa vieille Jeannette. Longtemps après, à Mme Allart (belle-mère d’Alphonse Daudet) convenait de publier en collaboration avec son mari, un recueil de poésies (les Marges de la vie) Marceline écrivait :


Il y a bien de l’amour dans les vers de votre mari et vous êtes bien heureuse de pouvoir admirer à ce point de vue ce que vous aimez. Pour la femme, c’est le seul amour complet de ce monde. La très vieille femme de Grétry me l’avait dit avant sa mort. Je ne la comprenais pas alors. C’était pourtant mon sort qu’elle prédisait.


Il est donc certain que Grétry et sa compagne témoignèrent à la jeune fille une vive sympathie. Le vieux maître avait été séduit par « la petite mine sentimentale » de l’ingénue, et il n’était pas le seul, puisque Bouilly, après lui avoir vu jouer le muet de son Abbé de l’Épée et Marie, de Madame de Sévigné, se proposait de lui faire un rôle congruent à l’air de petite reine détrônée que lui trouvait Grétry, encore.

Une espèce de petite princesse Maleine, oui, c’est ainsi qu’on se la représente ; et elle devait être également charmante dans les travestis

    comique, l’emploi des dugazon, avant d’aborder le drame et d’y jouer les ingénuités ou les jeunes premières, notamment dans la Pie voleuse… Longtemps, elle n’avait possédé qu’une robe blanche, qu’elle lavait, repassait et garnissait elle-même de volants variés, pour donner l’illusion de changer de toilette. Que de souvenirs pouvaient être communs à Mme Dorval et à Mme Valmore !