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Page:Descaves - La Vie douloureuse de Marceline Desbordes Valmore.djvu/81

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LA JEUNE FILLE

mait pas moins Constant Desbordes « comme bon coloriste et bon voisin » et confiait parfois des copies « au scrupuleux talent de son humble confrère ».

Enfin, Marceline voyait d’anciennes camarades qui lui faisaient nouer de nouvelles relations pouvant lui être utiles.

Et c’est ainsi sans doute qu’elle fut conduite chez Délie. Plusieurs Elégies lui sont dédiées, on peut dire heureusement, car c’est d’elles que nous viennent quelques clartés dans ce tunnel encore, dont l’existence de Marceline est traversée.

Délie ou Délia, née en Grèce et fille d’un consul général de Louis XVI à Smyrne, était elle-même réduite au théâtre par la ruine de ses parents. Premier lien de sympathie entre les deux actrices.

Au moment où Marceline rencontra Délie, celle-ci prenait ou allait prendre des leçons de Fleury pour entrer aux Français.

Elle était jeune, elle était belle, aimable, fantasque, expérimentée ; enfin, elle semblait appelée à réussir dans une carrière où le talent vient aux femmes, comme l’absolution après la faute[1]. C’est chez cette personne, qui jouait les grandes coquettes à la ville avant de les jouer sur les

  1. Le talent, s’il lui vint, ne la détourna pas de la galanterie. En 1826, elle était au Vaudeville et soupait à bouche que veux-tu.
    « Elle s’est prise de passion pour les befteacks, les rosbeafs et les milords, avec lesquels elle banquette et passe joyeusement une partie de sa vie » (Petite Biographie dramatique faite avec adresse par un moucheur de chandelles, Paris, 1826.)