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LA JEUNE FILLE

monde et dont Sainte-Beuve, par simple convenance sans doute, n’a point fait état.

On a dit aussi que Mme Valmore, dans les plus ardentes de ses élégies, rappelait Héloïse, la Religieuse Portugaise, et Julie de Lespinasse.

C’est exact, pour cette dernière tout au moins. On trouve, en effet, une certaine analogie de son entre « le plus fort battement de cœur du dix-huitième siècle » et les palpitations de Mme Valmore au siècle suivant.

Laquelle des deux a écrit : « Je n’ai plus de mots, je n’ai que des cris ! — Ce qui est vous, est plus que moi-même. — Je vous aime partout où je suis, mais non partout où vous êtes. — Vous savez bien que quand je vous hais, c’est que je vous aime à un degré de passion qui égare ma raison. »

C’est Mlle de Lespinasse, mais ce pourrait être aussi bien Mlle Desbordes. Les lettres de Julie sont émaillées des beaux vers que l’on trouve constamment dans la prose de Marceline.

« Combien de fois on meurt avant que de mourir ! Il faut se croire aimé pour se croire infidèle ! »

Et ce que dit encore au comte de Guibert sa victime brûlante et dévorée[1] : « Jamais on ne s’est fait voir avec cet abandon », Marceline le répète, à peu de chose près, à son perfide amant.

  1. Sainte-Beuve.