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Page:Descaves - La Vie douloureuse de Marceline Desbordes Valmore.djvu/88

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MARCELINES DESBORDES-VALMORE

vibrante jeune fille… ; elle est conquise, et sans beaucoup de peine de la part du vainqueur. Il était attendu. Elle touche à sa vingt-troisième année et n’a jamais aimé, ce qui s’appelle aimer, de cet invincible amour

Qui commande à nos sens, qui s’attache à notre âme.
Et qui l’asservit sans retour.
Cette félicité suprême,
Cet entier oubli de soi-même
Ce besoin d’aimer pour aimer
Et que le mot amour semble à peine exprimer.

Elle est troublée, énervée par les difficultés qu’elle éprouve à se faire engager ; auprès de la coquette et volage Délie, elle vit dans une atmosphère chargée d’effluves électriques, mortelle à la vertu ; elle est sans défense contre celui qui va venir : l’initiateur.

Le voici… Et c’est, alors, le plus beau désordre qu’un cœur de femme ait jamais fait voir.

Sans effort, parce qu’elle n’a rien ou presque rien lu ; sans apprêt, parce que c’est pour elle qu’elle chante et non pour briller ; Marceline va jeter les plus beaux cris que son sexe (plutôt que son siècle, comme on a dit) ail entendus, car elle exhale la plainte éternelle des générations de créatures à son image.

J’avance que Marceline n’a rien ou presque rien lu, et je le crois. Je dois relever, cependant, une coïncidence curieuse qui a échappé à tout le