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OUEVRES D'ÉMILE DESCHAMPS

Sanglots et clameurs :
Comme si les larmes,
Avec tant de charmes,
Devenaient des armes
Contre un roi sans mœurs !

« Seigneur, qu’allez-vous faire ? ô barbare faiblesse...
Que faites-vous, seigneur ? — Je suis d’un noble sang.
Ln roi doit, avant tout, respecter la noblesse ;
Et Dieu veille sur moi, car mon père est absent.

« Il est absent pour vous ! Il combat les rois maures.
Cherchez-vous dans la honte un infâme bonheur ?...
Laissez-moi regagner l’ombre des sycomores...
Ma vie est en vos mains et non pas mon honneur ! »

Mais Rodrigue vite
De plus près l’invite ;
Florinde l’évite
Et fuit sur les fleurs.
Il poursuit sa trace,
Et déjà l’embrasse,
Et, voyant sa grâce,
Ne voit pas ses pleurs.

« Quand mon père, les nuits, veille auprès de sa lance,
A ses vieux ans guerriers réserves-tu ce prix ?
lîoi, que diront Tolède et Grenade et Valence ?
Fuis ! — d’elles et de moi n’attends que le mépris ! »

Elle disait... et se dégage. —
Or, qu’advint-il de ce langage,
De ces refus, pleins de fierté ?...
Florinde perdit l’innocence.
Le roi Rodrigue sa puissance
Et. l’Espagne sa liberté.

Philtres d’enfer, nocturne embûche, et sourde intrigue.
Et violence, tout vint en aide à Rodrigue ;
Puis de sa belle proie, en un jour, il fut las...