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aux critiques et aux éloges dont elle a été l’objet : c’est le Paria de M. Casimir Delavigne. Sans doute la conception de la fable, précisément parce qu’elle est inventée, est loin d’être, irréprochable ; sans doute le drame n’est pas conduit avec tout l’art désirable, et la pièce entière pèche par l’intérêt vulgaire et par le vis magica ; mais des caractères créés, une grande fraîcheur d’images et de sentimens, des situations très-neuves, une poésie pure et pittoresque, coupée par un dialogue passionné et par des mots d’une délicatesse exquise, enfin quelque chose de jeune et d’inaccoutumé sur notre scène, voilà ce qu’il faut surtout voir dans cette tragédie ; et c’est pourquoi le Paria est l’ouvrage de M. Casimir Delavigne qui a eu le moins de succès, et celui qui lui fera le plus de gloire.

Ainsi, quelques tragédies seulement subsistent parmi les trois ou quatre cents qui ont été représentées depuis trente ans ! Quelle source de réflexions philosophiques pour nos auteurs dramatiques ! Et pourquoi donc cette effrayante disproportion ? On peut en assigner trois causes principales : supériorité désespérante de nos grands maîtres ; épuisement des sujets vraiment tragiques, du moins dans le genre dit