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classique ; enfin, absence de poésie dans la tête de presque tous les auteurs. On s’est imaginé en France qu’avec un talent de style et de versification fort ordinaire, un peu d’esprit, et ce qu’on appelle l’entente de la scène, on pouvait se mettre à faire des tragédies et même de grandes comédies !… On en a fait beaucoup ; on a réussi d’abord, parce qu’il est très-rare, pour mille raisons, qu’une première représentation ne réussisse pas, et puis chaque ouvrage a été religieusement enseveli avec son succès. La première condition pour composer un grand œuvre dramatique, c’est d’être poète ; le reste s’acquiert par l’étude et l’expérience. Si vous n’êtes pas poète et que vous vouliez absolument travailler pour le théâtre, ne traitez que les genres secondaires. Les classiques grecs et français, depuis Eschyle jusqu’à Racine, depuis Aristophane jusqu’à Molière, étaient avant tout de grands poètes et de grands écrivains.

De bonne foi, qu’y a-t-il de commun entre ces beaux génies et leurs prosaïques continuateurs, qui ont la prétention de leur ressembler et la bonhomie de les défendre ?

Certes, dans l’état actuel des choses et des esprits, c’est une haute gloire d’avoir fait une ou deux tragédies qui doivent rester au théâtre, et