Page:Deschamps - Études françaises et étrangères, 1831, 5e éd.djvu/57

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Œdipe, etc., etc., n’étaient que des imitations des anciens, habilement appropriées à notre système et à nos mœurs dramatiques, et vous voulez imposer au public la représentation de traductions littérales de Shakspeare. — Sans doute ; et en voici les raisons : la disposition des cirques antiques, l’intervention du chœur, les grandes robes et les masques des acteurs, les rôles de femmes joués par des hommes, enfin l’extrême simplicité de l’action et l’ordre tout payen des idées et des sentimens y eussent formé de trop choquantes disparates avec nos habitudes sociales et notre civilisation chrétienne, pour que la tragédie grecque pût être posée toute droite sur notre théâtre, comme une statue qui change de piédestal. Shakspeare, au contraire, est un génie qui répond à toutes les passions modernes, et qui nous parle de nous dans notre propre langage ; et puis, les moyens d’exécution de ses ouvrages sont à peu près les mêmes que pour nos tragédies. Quelques changemens de décorations de plus ou de moins, voilà toute la différence. Convenons aussi que nos grands tragiques, tout en gémissant, ont trop souvent sacrifié au goût de leur siècle, la peinture sévère de l’antique qu’ils imitaient. De là les virago de Corneille les galans jeunes