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tout Shakspcare ; du moins elle ne contiendra rien qui ne soit de Shakspeare.

Nous prévoyons l’objection banale qu’en va nous faire : Vous prônez la représentation des traductions en vers de Sbakspeare, parce que vous avez traduit ainsi quelques-unes de ses tragédies. À quoi nous répondrons d’une manière assez banale aussi : Nous avons traduit quelques tragédies de Shakspeare en vers français, précisément parce que nous en croyons la représentation nécessaire au public, à l’art et au Théâtre-Français lui-même. Au Théâtre-Français, parce que n’ayant plus de grands acteurs tragiques, il ne peut espérer de vogue que par l’attrait d’un genre et d’un sytème de pièces entièrement neufs sur notre scène ; au public, parce que lassé de tant de pâles contr’épreuves de nos chefs-d’œuvre, lassé de la mesquine représentation de nos chefs-d’œuvre eux-mêmes ; il aime mieux les relire vingt fois avec délices et attendre, pour revenir au théâtre, que quelque chose y réponde à ce vague besoin de nouveauté qui le tourmente ; à l’art enfin, parce que, faute de point de comparaison, il serait à craindre que ce besoin se satisfit aveuglément avec des ouvrages prétendus romantiques, faits sans inspiration et sans étude, qui n’auraient que les formes extérieures