Page:Deschamps - Études françaises et étrangères, 1831, 5e éd.djvu/61

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des drames de Shakspeare, et dont toute la nouveauté consisterait à briser les unités de temps et de lieu, auxquelles personne ne songe, et à mêler des lazzis du boulevard au langage cérémonieux de notre vieille tragédie. Il est urgent qu’une tragédie de Shakspeare prévienne le danger et empêche l’opinion de s’égarer soit en bien, soit en mal, sur le grand procès dramatique. Tout sera décidé en une soirée, et un parterre intelligent et impartial reconnaîtra sur-le-champ que la question n’est pas dans la coupe matérielle des scènes et des actes, dans les passages subits d’une forêt à un château, et d’une province à une autre, toutes choses dont on fait aussi bien de se passer quand on le peut, et qu’on ne doit ni repousser ni rechercher, mais qu’elle est réellement dans la peinture individualisée des caractères, dans le remplacement continuel du récit par l’action, dans la naïveté du langage ou le coloris poétique, dans un style enfin tout moderne.

La traduction de Roméo et Juliette, que nous avons faite avec Mi Alfred de Vigny, et les autres traductions que nous achevons chacun séparément, sont des travaux entrepris de conscience ; nous pourrions écrire en tête, comme Montaigne : Ceci est une œuvre de bonne foi. Aucun amour-