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Il faut que du bouillant canal
L’impure écume s’évapore,
Afin que la voix du métal
Retentisse pleine et sonore.

La Cloche annonce au jour, avec des chants joyeux,
L’enfant dont le sommeil enveloppe les yeux.
Qu’il repose !… Pour lui, tristes ou fortunées,
Dans l’avenir aussi dorment les destinées.
Mais sa mère, épiant un sourire adoré,
Veille amoureusement sur son matin doré.
Hélas ! le temps s’envole et les ans se succèdent.
Déjà l’adolescent, que mille vœux possèdent,
Tressaille, et de ses sœurs quittant les chastes jeux,
S’élance, impatient, vers un monde orageux.
Pélerin engagé dans ses trompeuses voies,
Qu’il a connu bientôt le néant de ses joies !
Il revient, étranger, au hameau paternel,
Et devant ses regards, comme un ange du ciel,
Apparaît, dans la fleur de sa grâce innocente,
Les yeux demi-baissés, la vierge rougissante.