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Page:Deschamps - Essai bibliographique sur M. T. Cicéron, 1863.djvu/34

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son lieu d’exil, sur les bords de la Méditerranée, une ville grecque, Marseille, fille d’Athènes. Il y menait une vie assez douce, attendant les réactions inévitables de l’avenir. Son illustre avocat, cependant, ne convenait pas de sa défaite, et, dans le silence inspirateur du cabinet, il écrivait à tête reposée, ce fameux discours pro Milone qui reste, encore aujourd’hui, sur les ruines de tant de tribunes silencieuses, un des chefs-d’œuvre de la parole écrite. — « Oh là ! disait Milon, après la lecture attentive de cette admirable défense, si le maître eût parlé comme il écrit, je ne mangerais pas les excellentes barbues de Marseille. » Ainsi déjà les citoyens romains se moquaient des peines qui leur étaient infligées. Se moquer de la peine, et mépriser la récompense, il n’y a pas de plus grand signe de la fin des temps et des gouvernements.

Sur l’entrefaite, à son tour, Cicéron était gouverneur de provinces, et les provinces qu’il a gouvernées s’étonnèrent de sa justice et de sa modération. Habituées qu’elles