Aller au contenu

Page:Deschamps - Essai bibliographique sur M. T. Cicéron, 1863.djvu/68

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Charles V, le duc de Berri et Philippe le Hardi, premier duc de Bourgogne de la seconde race, Louis XI, Catherine de Médicis, etc. De nouveau, nous aurons à remarquer combien rares sont les manuscrits des vieux classiques grecs et latins, mais combien fréquentes se présentent les traductions dues aux travaux de quelques savants que nos rois payent magnifiquement : ce sont, entre tous, Pierre Bercheure ou Berchoire, mort à Paris, prieur de Saint-Éloi, en 1362 ; Laurent de Premier-Faict ; Nicolas Oresme, le traducteur d’Aristote ; Jehan Courte-Cuisse, etc.

La formation des langues française et italienne, résultat presque immédiat du retour aux saines études et à la culture des littératures profanes, provoque aussitôt une révolution intellectuelle ; une école véritablement littéraire surgit dans les deux pays, en même temps que l’état social se reconstitue en France, et que la découverte du papier de linge, vers la fin du douzième siècle[1], vient activer énergiquement les progrès de ce grand mouvement, précurseur de la renaissance. Ici, ce sont les innombrables romans qui procèdent de l’épopée carlovingienne, les naïves poé-

  1. Il est peut-être un peu antérieur : Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, qui florissait vers 1120, affirme que le papier de chiffon était déjà employé de son temps : « Nos livres, dit-il, sont établis avec des peaux de bélier, de bouc ou de veau, ou des plantes orientales, ou des débris de vieux linges (ex rasuris veterum pannorum compacti). »