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Ah ! qu’il fut beau le jour, Naple, où le parlement
Sous le dais somptueux de ton bleu firmament,
Au milieu des transports de la garde civile
Accompagna jadis aux portes de la ville
Ton roi couvert de fleurs… Oui, de vos bouches d’or
Les paroles d’amour semblent couler encor,
Tant dans le souvenir vos discours de génie
Ont laissé de parfum, de grâce et d’harmonie !
Tout était allégresse, et lorsque vint le soir,
Parthénope dormit, le cœur rempli d’espoir…
Elle se réveilla, le front dans la tempête…
Ah ! que le sang versé retombe sur leur tête !
Peuple napolitain, dès les jours d’autrefois,
Le sang ne fut versé chez toi que par les rois !
Que ce soit Ferdinand ou Tibère à Caprée,
Toujours ils ont trahi, chez toi, la foi jurée.
Ne vous repentez pas d’avoir été clémens,
Enfans de Parthenope ; oubliez vos tourmens
Et les fers et l’exil, car un jour dans l’histoire,
La clémence et l’amour, ce sera votre gloire !

Toi qui chantas ses pleurs, poëte citoyen,
De tout beau sentiment, toi le ferme soutien.
Dans le bel avenir que le ciel lui déploie,
De l’Italie, un jour, tu chanteras la joie.
Ah ! grand consolateur des nations en deuil,
Poursuis ton saint labeur jusqu’au jour du cercueil ;
Vois de Missolunghi, sur sa tombe immortelle,
L’ombre du grand Byron te fait signe et t’appelle.
La Grèce et l’Italie auront donc tour à tour
Chacune un chevalier, chez les enfans du jour.
Car les poëtes saints dans un pli de leur âme,
Pour tout ce qui soupire ont toujours une flamme.