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Le Héros et l’Europe ont proscrit l’insulaire.
Dieu livrera demain au vent de sa colère
De tes prospérités l’édifice croulant.
Tu ne vomiras plus sur nos riantes plages
Tes flammes, tes orages,
Tes dons fallacieux et ton nocher tremblant.

Tu peux encor, troublant les ondes subjuguées,
Égarer sur les mers tes flottes fatiguées ;
Le sceptre d’Amphitrite en tes mains resplendit ;
Et cependant, fixée aux bords de la Tamise,
Sur des trésors assise,
La faim, spectre hideux, chaque jour s’agrandit.

Parmi d’impurs brouillards, sur la glèbe stérile
Tes laboureurs guidant la charrue inutile,
De la riche Cérès ignorent les leçons ;
Cesse de comparer ton île ténébreuse
À notre France heureuse,
Empire du soleil et des blondes moissons.

La France avec ses bois, ses plaines embaumées,
Sa gloire, son beau ciel, ses palais, ses armées,
Comme un astre éclatant domine l’univers :
Et l’Angleterre, triste et le front chargé d’ombre,
Comme une tache sombre,
Importune et noircit l’azur brillant des mers.