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Français, montrons-nous fiers du sort et de nous-mêmes !
Nos armes font les rois, et sur leurs diadèmes
Réfléchissent l’éclat d’un règne triomphant.
De ses héros éteints le Tibre se console,
Et le vieux Capitole
Attache sa fortune au sceptre d’un enfant.

Mais quel deuil obscurcit les palmes de la gloire ?
Quelle plainte se mêle aux chants de la victoire,
Ainsi qu’une onde amère à des flots purs et doux ?
De cent climats divers un même cri s’élève !
Devant le roi du glaive,
Peuples, pourquoi ces cris, et que demandez-vous ?

Ils demandent la Paix ! Trop long-temps les deux mondes
Se cherchant, se heurtant, sur l’abîme des ondes,
Ont rougi de leur sang les flots épouvantés.
Ils demandent la Paix ! Qu’est-elle devenue ?
Quelle rive inconnue
Dérobe son sourire à nos bords attristés ?

Elle est dans Albion….. Sous des chaînes cruelles,
L’Avarice et l’Orgueil, farouches sentinelles,
Gardent la douce Vierge, amour des nations.
Elle est dans Albion, la belle fugitive ;
Elle y gémit captive,
Ses yeux, noyés de pleurs, cherchent nos pavillons.