reuse. Elle en conçoit un tel dégoût, qu’aussitôt elle jure de ne se marier jamais.
« J’ai promis, dit-elle, j’ai promis de me marier par complaisance pour mon père ; mais y songe-t-il ? Qu’est-ce qu’un mariage comme celui-là ? Ne faudrait-il pas être folle pour épouser un homme dont le caractère m’est tout à fait inconnu ? »
Et plus loin :
« Une âme tendre et douce a des sentiments ; elle en demande ; elle a besoin d’être aimée…. »
Seulement Lucile est un peu trop dure pour Damis. Et, si honorables que soient les motifs de ses discours, il est permis de juger cette apostrophe un peu brusque et cavalière :
« … Allons, monsieur…. Nous n’avons à nous craindre, ni l’un ni l’autre ; vous ne vous souciez point de moi, je ne me soucie point de vous…. Nous voilà fort à notre aise ; ainsi convenons de nos faits ; mettez-moi l’esprit en repos ; comment nous y prendrons-nous ? J’ai une sœur qui peut plaire ; affectez plus de goût pour elle que pour moi ; peut-être cela sera-t-il plus aisé et vous continuerez toujours. Ce moyen-là vous convient-il ? Vaut-il mieux nous plaindre d’un éloignement réciproque ? Ce sera comme vous voudrez ; vous savez mon secret ; vous êtes un honnête homme ; expédions…. »
Voilà tout de même une vaillante profession de foi et Lucile, au fond, est tout à fait raisonnable. Quelle différence avec ce qui se dit parfois, ou du moins ce qui se pense, entre deux figures de cotillon, sous les palmiers de nos salons !
Or, Damis, qui d’abord n’aimait pas Lucile, est