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Page:Deschamps - Marivaux, 1897.djvu/122

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MARIVAUX.

Rosimond, accompagné de son valet Frontin qui copie toutes ses attitudes et répète toutes ses paroles, a résolu évidemment d’étonner, par son fracas, les gens de l’honnête maison, où il entre cavalièrement le chapeau sous le bras, l’épée en quart de civadière. Écoutez-le pérorer devant Frontin. Regardez-le prendre le menton d’une accorte chambrière :

« Ah ! tu es ici, toi, Frontin, et avec Marton ! Je ne te plains pas. Que te disait-il, Marton ? Il te parlait d’amour, je gage. Eh ! souvent ces coquins-là sont plus heureux que d’honnêtes gens. Je n’ai rien vu de si joli que vous, Marton ; il n’y a point de femme à la cour qui ne s’accommodât de cette figure-là…. Dis-moi, Marton, que fait-on dans ce pays-ci ? Y a-t-il du jeu, de la chasse, des amours ? Ah ! le sot pays, ce me semble ! À propos, ce bonhomme qu’on attend de sa terre pour finir notre mariage, cet oncle arrive-t-il bientôt ? Que ne se passe-t-on de lui ? Ne peut-on se marier sans que ce parent assiste à la cérémonie ? »

Il aime Hortense. Mais il ne veut rien lui en dire, « à cause de sa dignité de joli homme ». Petit-fils d’un marquis de Molière, proche parent du Méchant de Gressetet du Glorieux de Destouches, il annonce Valmont, et ferait songer à Lovelace, si sa malice n’était pas une feintise. Le bel air ne veut pas qu’il accoure. Il vient, mais négligemment, à son aise. Il a d’ailleurs des biens, de la naissance, un rang, du crédit à la cour, et une figure avantageuse. Seulement, il a une jeunesse d’esprit incroyable. Cet amoureux fort singulier rougirait de paraître faire