ton, d’élégance plus parée et de plus gentils propos : Lucidor avec Félicie, Silvia demandant aux fées ce qu’est devenu le fantasque Médor, Colombine en panier et Arlequin bel esprit, Lelio badinant avec Flaminia, Lisette cherchant à démasquer le Prince travesti. Et, quand on nous ramène dans un monde moins imaginaire, c’est pour nous montrer des marquis petits-maîtres, des chevaliers en habit zinzolin, des valets en habit de soie rayée, et la plus adorable assemblée de comtesses, de soubrettes, de princesses, toutes également reines par la délicatesse du cœur, la finesse de l’esprit et l’ingénieuse perfection du langage. Elles ont de la beauté, mais une beauté piquante, plus de physionomie que de régularité, peu de majesté et beaucoup de charme. On peut voir, dans les dessins de Saint-Aubin, dans les tableaux de Pater et de Lancret, dans les pastels de Latour, leurs figures éveillées et vives, leurs yeux brillants, leurs petits nez relevés du bout, leur teint blanc, qu’avive le point noir d’une mouche adroitement placée, leurs cheveux ébouriffés et poudrés. Elles ont, ainsi qu’on disait en ce temps-là, « tout ce qui fait chérir une femme comme un bijou ». Elles trouvent naturellement des attitudes bien composées. Elles sont inimitables par l’art de tout enjoliver et de mettre des sentiments et des pensées dans un geste de la main, dans un signe de tête ou dans l’ironie d’une révérence.
Tout, chez elles, a de l’esprit, de la malice et de l’agrément. Leur amour de la conversation ne les empêche point de savoir parler sans rien dire. Souvent le pli presque imperceptible d’un joli front