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Page:Deschamps - Marivaux, 1897.djvu/176

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MARIVAUX.

recueillement et de ressouvenir, cette âpre montée se pare d’une floraison de roses, et s’illumine d’une clarté sereine, où apparaissent, en clartés radieuses, toutes les beautés de l’univers transfiguré. C’est par ce miracle, et, si l’on ose dire, par ce mystère de rédemption, que certains hommes peuvent trouver, jusque dans un amour sans espoir, une ressource de joie et un renouveau de volonté.

Marivaux était fort réservé sur le chapitre de ses affaires de cœur. Nous ne saurons donc jamais si, en composant de nuances fugitives et de touches effacées la figure de son héroïne, il a songé à une personne vivante. On incline à croire que, sous ses réticences de galant homme, et sous les fleurs de sa rhétorique mondaine, se cachait la plainte d’un cœur très tendre et d’une intelligence très haute, à qui manqua sans doute la rencontre bénie où son inquiétude sentimentale aurait trouvé une consolation et un repos.