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Page:Deschamps - Marivaux, 1897.djvu/177

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CHAPITRE III

LE PAYSAN PARVENU

L’œuvre de Marivaux est une galerie de tableaux où les jupes enrubannées, pomponnées, les collerettes de dentelles, les souliers de salin, les cheveux poudrés, les épaules voilées de gaze blanche, les corsages à « ramages » et les a paniers » bouffants attirent les yeux d’abord. C’est proprement le royaume des femmes. Et quelles femmes ! Les plus spirituelles qui furent jamais, les plus ingénieuses et les plus déliées, habituées dès l’enfance à exprimer par des paroles, à indiquer par un sous-entendu, à nuancer d’un sourire ou à renforcer d’un geste les sentiments qu’elles éprouvent ou qu’elles veulent paraître éprouver.

Cependant, ce peintre de toutes les délicatesses féminines a voulu nous laisser un portrait d’homme. En 1735, avant même d’avoir achevé l’interminable Marianne, il donna au public le Paysan parvenu, roman en cinq parties. C’est une étude d’ambition humaine, que l’on peut comparer à l’Ingénu de Vol-