De l’air décisif dont il parle, on croirait presque qu’il est entré de moitié dans le secret de cette même création ; on croirait qu’il croit ce qu’il dit, pendant qu’il ne le dit que parce qu’il se plaît à produire une idée hardie.
Quoi qu’il en soit, je crois que j’achèverai son livre avec autant de plaisir que je l’ai commencé.
Cette causerie à bâtons rompus engage quelquefois l’auteur en de discrètes apologies de son talent, ou plutôt de sa manière. La préciosité où il inclinait volontiers, les analyses ténues où se plaisait son subtil génie, irritaient tous ceux qui confondent la raison avec la banalité et le bon sens avec la platitude. On connaît les formules, plus ou moins heureuses, et les facéties, plus ou moins piquantes, par lesquelles de sévères censeurs ont prétendu l’accabler. Le 8 juin 1732, Voltaire écrivait à M. de Fourmont : « Nous allons avoir cet été une comédie en prose du sieur Marivaux, sous le titre les Serments indiscrets. Vous comptez bien qu’il y aura beaucoup de métaphysique et peu de naturel…. » Dans son Temple du Goût; si médiocre et si plate satire, Voltaire réédita ce mot de « comédie métaphysique ». « Cet homme, disait-il, passe sa vie à peser des œufs de mouche dans des balances de toile d’araignée. » On a cru voir une allusion directe à Marivaux dans un passage du Gil Blas, où il est question de tel prosateur « qui aspire à la réputation d’une plume délicate », et qui cherche « des expressions trop recherchées », des « mots qui ne sont point marqués au coin du public », des « phrases